Catherine Lalonde Comment lire l'horreur? Devant la violence — cette déflagration à la voiture piégée à Oslo, 8 morts; ce jeu de massacre de l'île d'Utoya, 69 victimes —, le réflexe est de chercher à comprendre. Spécialistes et penseurs de tous horizons sont appelés en renfort, pour rendre intelligible, si possible, cet acte. La préméditation, les aveux, la fierté du tueur Anders Breivik, sa froide intelligence et son manifeste laissent penser que le carnage du 22 juillet est un geste signature. Pour nous, une abomination. Pour lui, une œuvre. Pourquoi ne pas poser alors un regard littéraire sur la tragédie norvégienne? Mythologie, personnages, symboliques et courants d'un très, très noir récit. «On se poserait moins de questions si une tuerie comme celle-là s'était passée aux États-Unis. Je pense qu'on est d'autant plus étonné parce que ça se passe en Scandinavie: tout le monde aime la Scandinavie», lance Daniel Chartier, professeur de littérature à...