Le rouleau compresseur menant aux élections a continué sa route hier. Chaque parti y est allé d’un engagement, de la présentation de candidats-vedettes, d’une alliance ponctuelle et même d’une menace de « chaos ».
Le premier ministre Jean Charest, qui cache de moins en moins l’imminence du déclenchement électoral en vue d’un possible scrutin le 4 septembre, a brandi la menace du chaos si le Parti québécois prenait le pouvoir et engageait le Québec dans un référendum. Selon M. Charest, la souveraineté demeure au coeur de l’action du PQ, dont la vision politique est « fondée sur le chaos et sur ce qui s’est passé [avec le mouvement étudiant] : le manque de respect pour les individus ».
« La priorité de Mme Marois et du Parti québécois, c’est d’obtenir un référendum le plus rapidement possible », a souligné hier M. Charest en marge d’une conférence de presse pour annoncer un investissement culturel à Québec. Dans ses remarques sur un éventuel référendum, il n’a pas voulu tenir compte du fait que Mme Marois a fait enlever du programme de son parti toute référence à une échéance référendaire. Selon ses voeux, un gouvernement du PQ tiendrait donc un référendum sur la souveraineté quand il jugerait le moment opportun. Il n’aurait donc pas l’obligation d’en tenir un durant un premier mandat.
Lors du prochain scrutin, deux visions opposées s’affronteront, a insisté M. Charest : la sienne, basée sur le respect des droits individuels, l’économie et la démocratie, puis celle de Mme Marois qui entraînera inévitablement, à ses yeux, un référendum, le chaos et le non-respect des libertés individuelles.
Pour appuyer ses dires, il a cité l’exemple de la candidature pour le PQ de l’ex-leader étudiant Léo Bureau-Blouin, qui incarne selon ses dires le non-respect d’un droit fondamental : le libre accès des étudiants à leurs salles de classe. Et Mme Marois accrédite cette vision des choses, en l’ayant choisi comme candidat, selon lui.
M. Bureau-Blouin est « un symbole très important » du mouvement étudiant d’opposition à la hausse des droits de scolarité, qui avait entraîné le printemps dernier l’obstruction des portes d’entrée des cégeps et universités où les étudiants avaient voté pour le mouvement de grève.
Au même moment, Pauline Marois rencontrait la presse dans la circonscription de Laval-des-Rapides pour confirmer la candidature de Léo Bureau-Blouin. La chef péquiste était radieuse et cachait mal sa satisfaction d’avoir ce qu’elle estime être un atout pour toucher un électorat plutôt réfractaire à se rendre aux urnes.
« Sa venue au Parti québécois marque le prolongement d’un mouvement populaire pour le changement. […] Léo, je veux pouvoir compter sur toi pour mobiliser la jeunesse québécoise pour qu’elle participe à la prochaine élection », a affirmé Mme Marois. Cette dernière voit dans M. Bureau-Blouin un candidat à « l’envergure nationale » qu’elle entend bien avoir à ses côtés lors de la tournée électorale.
Le principal intéressé s’est bien défendu d’être instrumentalisé, disant se lancer en politique par conviction, fort de l’expérience des derniers mois alors que « toute une génération s’est tenue debout ». « Ce n’est que le début », a-t-il promis. Il souhaite ainsi donner un peu d’espoir aux jeunes et démontrer qu’« ensemble, on peut construire quelque chose de nouveau ».
D’autres candidatures-vedettes
Les autres partis politiques n’ont pas été en reste pour la présentation de candidats-vedettes. La Coalition avenir Québec (CAQ) a dégainé quelques munitions. François Legault a tenu une conférence de presse pour confirmer la candidature de Sylvie Roy, la députée devenue un quasi-symbole de la lutte contre la corruption. Elle fut la première parlementaire à réclamer la tenue d’une commission d’enquête publique.
De plus, un ancien péquiste se joint à la CAQ. Stéphane Le Bouyonnec défendra les couleurs caquistes dans La Prairie, actuellement occupée par François Rebello. Ce dernier se présente dans la nouvelle circonscription voisine de Sanguinet. M. Le Bouyonnec est un homme d’affaires spécialisé en financement d’entreprises. Sur le plan politique, il a milité au PQ, mais également à la défunte Action démocratique du Québec.
La p.-d.g. de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec, Claire Samson, devrait également faire le saut dans la circonscription d’Iberville, selon Radio-Canada. L’annonce de sa candidature pourrait être faite mardi prochain. Mme Samson a oeuvré tant à Radio-Canada, à Télévision Quatre Saisons (aujourd’hui V Télé) qu’à TVA.
Du côté des partis de gauche, Québec solidaire et Option nationale ont annoncé la conclusion d’un pacte de non-agression.
À travers ces rebondissements, le Parti libéral du Québec s’est doté d’un nouvel outil sur Twitter appelé @LesFaits afin de « corriger ce qui se dit sur les médias sociaux ». « Il y a de plus en plus de personnes qui sont présentes sur Twitter et il se lance beaucoup de choses qui nécessitent qu’on les corrige », a précisé le directeur des communications du PLQ, Michel Rochette. Première intervention : « François Legault ment et déforme les propos de Jacques Duchesneau à son avantage : celui-ci n’a jamais visé le PLQ. »
Avec La Presse canadienne
Source: Le Devoir
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